
roman graphique / historique / féminisme
celle qui parle
Alicia Jaraba (Grand Angle, Bamboo edition)
16ème siècle. Dans un Mexique, sous la domination sanglante des Aztèques, habité par des clans aux coutumes et aux dialectes différents, Malinalli est vendue comme esclave aux Mayas puis aux Espagnols. Rebaptisée Dona Marina, sa soif de vengeance (sa famille a été brisée par les Aztèques), sa volonté de survivre, ainsi que sa curiosité pour l’apprentissage des langues, vont la conduire à prêter main forte à Cortès dans la conquête de la capitale Mexicaine. Elle lui servira d’interprète, mais aussi de conseillère et lui donnera un fils.
La Malinche est une figure majeure et controversée de la culture sud-américaine. Elle est accusée de trahison envers son propre peuple, mais elle est également considérée comme la mère du Mexique moderne. Elle a également inspiré des mouvements féministes dans le Mexique des années 1960.
L’Histoire reste assez floue sur cette figure historique, il existe très peu d’écrits. Alicia Jaraba (autrice espagnole), qui nous livre ici un premier scénario en français extrêmement efficace, a choisi de nous la présenter jeune, humaine, forte avec toutes ses failles et ses doutes. C’est donc une biographie feministe fictionnée et une ode au pouvoir des langues (l’autrice est aussi linguiste). J’ai, tout particulièrement, aimé le fait que chaque moment clef de l’évolution du personnage s’effectue lors d’une rencontre féminine symbolique (arrivée des règles ou d’une grossesse, etc.)
Le dessin est une jolie surprise. Une plume fine, des hachures, des visages expressifs sans être trop réalistes et un découpage cinématographique qui nous fait avaler les pages à une vitesse folle. Le tout teinté par une palette pastelle extrêmement bien dosée. (AD)