
don 2012 : les amis du musée fidèles au rendez-vous
la Cité enrichit ses collections
Les Amis du musée de la bande dessinée sont infatigables. Ayant œuvré dans l’ombre pendant des mois, ils ont remis le 14 mai dernier le fruit de leur travail entre les mains des responsables de la bibliothèque et du musée.
imprimés
Pour la bibliothèque, des numéros de revues (dont le No.1 de Pilote, une belle sélection de Vaillant et de Spirou…) qui complètent et, comme disent les aficionados, « améliorent » les collections de périodiques de la bibliothèque. Il y a de quoi faire en ce domaine, puisque le fonds patrimonial de la Cité comprend 4.200 titres de revues, correspondant à 123.000 fascicules et 61.000 albums. Accomplissant un travail de fourmi, les AMBD contribuent ainsi au renforcement significatif des importantes collections patrimoniales imprimées de la Cité.
originaux
Du côté des originaux, on peut se réjouir de l’entrée dans les collections du musée de deux planches de Gradimir Smudja, dessinateur né en ex-Yougoslavie en 1954. Doté d’un savoir-faire impressionnant (il a été peintre-copiste), il s’est fait remarquer des lecteurs en publiant Vincent et Van Gogh en 2003, et plus récemment Le Cabaret des muses, consacré à un autre peintre, Toulouse-Lautrec. Sa maîtrise des techniques traditionnelles, sa connaissance des œuvres des peintres qu’il évoque éclatent dans les deux pages (l’une provenant de Vincent et Van Gogh (en médaillon) et l’autre du Cabaret des muses) que les Amis du musée de la bande dessinée ont acquises pour nous. Elles sont l’œuvre d’un artiste atypique et témoignent d’une esthétique rare en bande dessinée, qui mérite d’être représentée dans nos collections.
Soucieux de recueillir des documents montrant tous les aspects de la création en bande dessinée, les AMBD ont également sollicité deux scénaristes en vue : Kris, qu’on connaît pour son travail avec Étienne Davodeau, a ainsi accepté que des pages du scénario de Coupures irlandaises rejoignent les collections du musée. Il s’agit précisément de la description d’une scène d’action (une partie de hurling, sport irlandais proche du base-ball). Marqué par les mangas et les récits de grande ampleur, Kris cherche toujours dans ses scénarios à mêler action et mise en contexte historique, sociologique, politique…
Auteur bien connu de la série Léo Loden, Serge Carrère est en contact suivi avec les Amis du Musée de la bande dessinée. Il a accepté cette année de céder plusieurs documents de travail (quelques pages du story-board d’un épisode des Quatre-quarts ; des pages du découpage dessiné, dialogué et rehaussé de feutre gris du tome 5 de la série Les Elfées) qui permettront aux visiteurs et au groupe de comprendre, exemple à l’appui, comment s’élabore une bande dessinée.
dérivés
À côté de la parution pléthorique de revues et d’albums de bande dessinée, il existe une autre production que les amateurs appellent le « para-BD », à savoir tous les objets, figurines, statuettes et parfois statues que des officines spécialisées éditent en quantité limitée pour un cercle plutôt restreint d’amateurs en Europe et aux États-Unis. Ces dernières années, l’association des Amis du musée de la bande dessinée avait réussi à convaincre quelques maisons spécialisées de faire don de certaines de leurs pièces au musée de la bande dessinée. Cette année, c’est la maison SF Collector qui a donné un exemplaire de la statuette du célèbre Rahan. « Le fils des âges farouches », dont la première aventure a paru initialement dans Pif en 1969, est l’archétype du héros solitaire, évoluant dans une préhistoire de convention, et qui représente la force de la raison dans un monde envahi par les croyances et les superstitions. Nul doute que cette pièce en résine peinte sera bientôt exposée dans les vitrines de la salle d’exposition permanente, témoignant de la popularité multiforme des héros de papier.
Le travail de Pascal Somon est une autre preuve de cette popularité multiforme. Dessinateur de bande dessinée plutôt parcimonieux (on connaît de lui Gin Row sur scénario de Dewamme et Fred et Léa, sur scénario de Jean-Blaise Djian), Pascal Somon s’est en effet fait une spécialité d’illustrations directement inspirée de l’univers de Tintin. Reprenant les grandes figurent de la saga hergéenne, il les isole dans des illustrations au format carré, qui évoque lointainement des tableaux. Mêlant les techniques (encres, crayons, gouaches), il joue de la ressemblance des personnages, tout en refusant l’un des principes fondamentaux du style d’Hergé : le traitement résolument non spectaculaire de la couleur, posée chez Hergé en aplats de couleurs unies. Ce travail est un des reflets de la « tintinophilie » qui prospère sur la passion de nombreux amateurs, désireux de prolonger sur d’autres supports la magie de leurs lectures de jeunesse.